Impacts des cyclones sur le littoral de Madagascar
Le littoral de Madagascar est une zone à haute vulnérabilité, très exposé à l’aléa de submersion cyclonique. Une étude de modélisation à haute résolution du continuum terre-mer malgache révèle que l’inondation y est de nature composée, résultant de l’action combinée de l’océan et des eaux continentales. Cet effort pluri-disciplinaire va permettre d’évaluer les impacts socio-économiques des submersions cycloniques.
Madagascar, qui compte plus de 31 millions d’habitants et fait partie des pays les plus pauvres du monde, est l’une des régions les plus exposées aux cyclones tropicaux. Chaque année, 3 à 4 cyclones frappent l’île. En janvier-février 2022, plusieurs cyclones se succèdent sur le territoire malgache, le plus intense d’entre eux étant nommé Batsirai (2-5 février 2022). Il provoque des dégâts considérables sur les habitations et les moyens de subsistance. Avec 123 victimes recensées, il est l’un des plus meurtriers de la période récente. Les inondations provoquées par les cyclones sont dites « composées », car déclenchées à la fois par des facteurs océaniques (marées amples, ondes de tempête, vagues déferlantes) et des facteurs continentaux (pluies diluviennes, crues fluviales massives). Toutefois, le manque d’observations et la complexité de la modélisation des interactions hydrodynamiques terre-mer limitent notre compréhension de cet aléa. En outre, établir un lien entre ces inondations et leurs impacts sociétaux, comme les migrations humaines, nécessite des modèles à très haute résolution spatiale – un défi interdisciplinaire majeur.

Configuration des modèles numériques couplés, avec le modèle numérique couplé océan-vagues à grande emprise à gauche, et le modèle à fine échelle d’inondation continentale déployé sur le bassin versant de la Mananjary à droite.
Pour y répondre, les chercheurs du LEGOS et du LIENSs en collaboration avec un consortium international (1) ont développé un modèle numérique à haute résolution de l’inondation composée. Ce modèle a permis de dresser la cartographie fine des effets du cyclone Batsirai. L’étude montre que les interactions entre les surcotes océaniques et le ruissellement fluvial ont contribué à propager la submersion littorale jusqu’à 10 km à l’intérieur des terres. L’étude révèle que 30 % des zones inondées étaient des terres agricoles, induisant d’importantes conséquences sociales et économiques. Cette cartographie permet une meilleure compréhension des aléas physiques à l’échelle régionale. De par sa haute résolution spatiale, elle occasionne aussi un rapprochement entre les sciences environnementales et les sciences sociales, de façon à quantifier les impacts sociaux de l’aléa cyclonique, notamment dans le contexte des migrations humaines.

Inondation reproduite par le modèle lors du cyclone Batsirai (a) sur tout le bassin versant de la Mananjary, avec l’encart montrant les structures à fine échelle de l’inondation. Le panneau (b) montre l’étendue de l’inondation sur la ville de Mananjary. Le panneau (c) représente la contribution relative des facteurs océaniques et continentaux de l’inondation, dans cette même zone.
Référence : Khan, M. J. U., Durand, F., Afroosa, M., Coulet, P., Bertin, X., Valerie, M., Krien, Y., Wainwright, C. (2025). Tropical cyclone induced compound flooding in Madagascar: A coupled modeling approach. Natural Hazards. https://doi.org/10.1007/s11069-025-07209-z
Contacts : Jamal Khan (jamal.khanNO SPAM -- FILTER@NO SPAM -- FILTERird.fr), Xavier Bertin () et Fabien Durand (fabien.durandNO SPAM -- FILTER@NO SPAM -- FILTERird.fr).
(1) Madagascar-USA-Royaume-Uni

Vue aérienne de la zone de Mananjary après le passage du cyclone Batsirai (6 février 2022). © WFP/Nejmeddine Halfaoui. Photo: WFP/Nejmeddine Halfaoui