Retour de campagne en Mer d’Arabie, région en changement et mal cartographiée

Certaines régions du monde sont très difficilement accessibles aux océanographes. Certaines le sont à cause de leur isolement ou la présence de glace, mais d’autres le sont à cause de contraintes géopolitiques. C’est le cas de la Mer d’Arabie, pourtant traversée par un intense trafic maritime, et bordée par plusieurs centaines de millions d’habitants. La Mer d’Arabie subit actuellement des changements importants dans ses écosystèmes et son climat, mais le manque de données empêche pourtant de bien mesurer ces changements. Elle ne manque pourtant pas d’intérêts scientifiques : sa position géographique particulière induit le régime de mousson, dont l’impact sur les courants et l’écosystème reste encore mal compris, et elle abrite également une des zones de minimum d’oxygène (OMZ) les plus intenses au monde.

Améliorer la couverture des données et mieux comprendre la physique de la Mer d’Arabie sont les deux objectifs de la campagne PHYSINDIEN25. Elle a été organisée grâce à l’investissement du Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM) et du CNRS, et la participation de chercheur.ses de Brest (SHOM), de Villefranche-sur-Mer, du LOCEAN (Paris) et du LEGOS. Durant 12 jours, le navire Beautemps-Beaupré, bâtiment hydrographique et océanographique opéré par la Marine Nationale, a sillonné la côte Ouest de la Mer d’Arabie et du Golfe d’Oman avec 2 observateurs omanais à son bord.

La présence rare d’un navire océanographique a autorisé des prélèvements d’échantillons pour analyse chimique et identification des planctons, ils serviront à améliorer les simulations numériques biogéochimiques. PHYSINDIEN25 a enfin déployé des profileurs autonomes BGC-Argo et Arvor. En plus des capteurs classiques (température, salinité, pression), les BGC-Argo sont équipés entre autres de capteurs d’oxygène, nitrates et chlorophylle pour décrire l’OMZ. Ces profileurs compléteront la cartographie physique et biogéochimiques de la zone sur plusieurs années, en particulier durant la mousson d’été durant laquelle les conditions de mer n’auraient pas autorisées une telle campagne.

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